Article écrit par Myriam Vigneault, Conseillère d’orientation et coordonnatrice aux appels et interventions chez Brio PAE
En 2023, 1 adulte sur 4 déclarait avoir des symptômes modérés à sévères de dépression, d’anxiété ou de stress post-traumatique selon Statistique Canada. Ainsi, le quart de la société canadienne vit avec une santé psychologique précaire. Un bon équilibre de vie peut avoir un effet protecteur sur cette dernière. En contrepartie, le déséquilibre entre le travail et les autres sphères de vie est identifié parmi les facteurs associés à l’épuisement professionnel et à la dépression. Il y a également des conséquences organisationnelles à ce déséquilibre : roulement de personnel, présentéisme, désengagement, etc. Cet article portera précisément sur la conciliation du travail et de la vie personnelle. D’abord, il sera question de ce qui est en notre pouvoir en tant que travailleur pour trouver des pistes de solutions. Ensuite, l’impact du contexte organisationnel sera discuté ainsi que l’influence des valeurs sociétales.
Pour commencer, il importe de mieux définir ce fameux concept dont il est souvent question dans l’actualité et sur les réseaux sociaux. Pour ce faire, la définition de l’Institut national de santé publique du Québec (2019) a été retenue : « Concilier, c’est surtout être en mesure d’organiser son temps et son énergie en tricotant pour trouver un équilibre entre le travail et la vie personnelle, principalement la famille, en tentant de respecter du mieux possible ses valeurs et ses priorités ».
Cette définition suppose qu’il y a une part de la conciliation qui est individuelle, qui appartient à chacun d’entre nous. Un élément-clé repose dans l’identification de ses valeurs et de ses priorités. Ceux-ci représentent notre boussole interne qui donne le sens à notre vie. Poser des actions qui sont enlignées avec nos valeurs permet de se sentir nourri et épanoui. Évidemment l’idée n’est pas forcément d’agir à 100 % de notre temps en étant alignée avec nos valeurs. Ce qui est plutôt souhaité est de tendre à ce qu’elle soit une priorité. À ce propos, connaissez-vous l’histoire des gros cailloux ? Il s’agit d’une métaphore.
Un jour un professeur présenta un gros pot à son groupe d’élèves. Après y avoir inséré une dizaine de gros cailloux, il demanda si le pot était plein. Les élèves répondirent alors que oui. Le professeur prit alors un contenant rempli de gravier qu’il versa dans le pot. Le gravier s’infiltra entre les gros cailloux. Le professeur demanda alors si le pot était plein. Les élèves répondirent que oui, avec moins d’assurance cette fois. Le professeur prit alors un sac de sable qu’il versa dans le gros pot. Le sable se glissa parmi les cailloux et le gravier. Le professeur demanda encore une fois si le pot était plein. Les élèves répondirent alors qu’il restait probablement de l’espace et le professeur remplit le pot à ras bord d’eau. Le professeur expliqua ensuite que le seul moyen de tout faire rentrer dans le pot était de placer d’abord les gros cailloux, et d’y aller ensuite en ordre décroissant. Alors, quels sont vos gros cailloux ?
Comme dans cette métaphore, organiser son temps et son énergie nécessite de mettre d’abord les éléments les plus importants à son agenda et même, de savoir dire non aux éléments ayant peu d’importance. Pour la plupart des gens, le temps au travail est généralement déjà minimalement organisé. Pourquoi ne pas dédier un moment fixe aux autres éléments importants ou nécessaires de votre vie ? L’épicerie, le sport, l’entretien de votre milieu de vie, la prise de rendez-vous et ainsi de suite. Le prévoir permet assurément une meilleure gestion. Veillez à ne pas oublier de prévoir du temps pour vous ressourcer et faire le plein d’énergie, car vous faites assurément partie des priorités !
Un autre élément important est de limiter la superposition des sphères de vie, ce qui peut ajouter un stress important et l’impression d’être submergée. Faire le souper, en jetant un œil sur les courriels du travail et en supervisant la période des devoirs ou encore, être dans une réunion tout en avançant quelques tâches en parallèle pendant qu’il y a une brassée de lavage en cours… cette envie de vouloir rentabiliser chaque minute qui passe peut assurément devenir un piège oppressant. À partir du moment où ce sentiment d’oppression est présent, l’équilibre est rompu. Bref, il est important d’établir des frontières claires.
Avoir une bonne communication avec son partenaire de vie pour viser une répartition des tâches équitables est essentiel. Et surtout, il ne faut pas hésiter à demander du support à nos proches lors de périodes plus exigeantes. Respecter ses limites permet de préserver son énergie.